L’exposition "Negev Time" d’Ariel Ram Pasternak sera inaugurée le 5 septembre prochain à la galerie Rosenfeld à Tel Aviv. Un événement unique qui rassemble 36 œuvres minutieusement sélectionnées, dans lequel Ariel dévoile une société bédouine que peu connaissent, très loin des clichés relayés inlassablement par les médias. "Il y a beaucoup de talents dans la communauté bédouine et personne ne le sait", déplore Ariel. L’exposition aborde différents aspects de la vie des Bédouins : des coutumes qu'ils perpétuent aux défis auxquels ils font face, en passant par leur vie quotidienne. Photos, peintures mais aussi céramiques authentiques, réalisés par des artistes bédouins, dont la plupart sont des femmes, plongent le visiteur dans l’univers d’une communauté du Néguev qui oscille entre traditions et modernité.
Un œil nouveau sur la société bédouine, qui se bat contre son image
Ariel Ram Pasternark habite à Beersheva depuis 20 ans. Il est père de deux filles et travaille depuis deux ans pour l’association "Etoiles du désert", qui promeut le leadership des jeunes dans la société bédouine. Son exposition est une initiative du programme "Star Accelerator" d'"Etoiles du désert", en coopération avec le programme de formation artistique du Kay Academic College of Education de Beer Sheva. Rana Alwadat, Eiman Abu Ghanm, Alaa Abo Alion, Hoda Alamrane, Hazar Abu Hani, Waleed Alobra, Zenab Garbia, Yusef Huzaiel, et Zamir Shatz exposent leurs oeuvres qui traitent de thèmes divers pour présenter la communauté bédouine.
"Nous avons pensé que ce projet pourrait être pertinent car il rapproche la société bédouine du reste de la société israélienne. Bien souvent, les gens écoutent les infos et ce qu’il se dit de négatif sur les Bédouins, et la plupart ne cherchent pas à comprendre qui ils sont réellement. La société bédouine est beaucoup plus profonde et riche qu’on ne le croit, ils ne souhaitent qu’une chose : s'émanciper. Notre but est de redorer leur image et de montrer toute la beauté de cette communauté, que l’individu lambda n’a pas l’occasion de saisir", a déclaré Ariel à Itonnews.
On découvre notamment les traditions du mariage bédouin très différentes du mariage juif ou arabe moderne, avec les courses de chevaux, les invités sur des chameaux, ou assis par terre dans les tentes, les cérémonies séparées hommes-femmes dans le désert ou encore les danses entre hommes. Les invités en tenue traditionnelle contrastent avec les autres, habillés en tenue moderne. "Ils aiment s’habiller en noir ou avec des marques", affirme Ariel.
Une société en évolution
L’ambivalence accompagne le spectateur tout au long du parcours, et reflète la situation des Bédouins, en transition, entre conservation des traditions et désir de modernisme. "La condition des femmes s’améliore et davantage de jeunes font des études et accèdent à des postes haut placés", affirme Ariel.
On observe notamment les destructions d’habitations précaires bédouines dans les villages non reconnus, avec la présence de la police armée, au milieu d’enfants et de femmes. Une présence grossière qui contraste avec l’innocence, dans les yeux apeurés des enfants.
"C’est choquant de voir des policiers venir avec autant d’armes pour des destructions d’habitations, je n’ai jamais entendu qu’il y ait eu d’émeutes à ces moments-là. Depuis environ 6 mois, il ne s’agit plus d’une maison ou deux, des quartiers entiers sont rasés, c’est un sujet très sensible. Ils reçoivent des avertissements pour détruire eux-mêmes leurs maisons avant l’arrivée de l’armée, mais certains préfèrent attendre et se retrouvent rapidement à la rue, sans que personne ne se préoccupe de leur sort. Il y a environ 300 000 Bédouins dans le Néguev et un tiers vivent dans des villages non reconnus", explique Ariel.
Sur certaines oeuvres, on aperçoit des enfants, des bergers au milieu des troupeaux, ou encore des portraits de femmes, donnant une vision très sincère de la société bédouine israélienne, proche géographiquement des Juifs israéliens mais conservatrice d'un mode de vie bien différent.
Certains clichés font écho à l’avenir de la planète avec une portée environnementale et le rôle des Bédouins dans cet enjeu commun, notamment avec une sirène échouée sur la plage ou une fillette au milieu d’un tas de pneus.
Zenab Garbia, de Segev Shalom expose ses photos et ses céramiques cousues. Un concept unique de couture sur assiettes. "C’est la seule à faire ce genre d’art en Israël, c’est de l’art bédouin traditionnel", déclare Ariel.
"Si les gens se rendent compte par eux-mêmes de la vie des Bédouins grâce à cette exposition, nous aurons tout gagné. Nous souhaitions aussi mettre en évidence les conséquences de ce qu’il se passe dans le pays, notamment quand on détruit des maisons; si cela peut susciter la compassion, la curiosité et l’ouverture sur l’autre, alors le pari est remporté", a conclu Ariel.
Ariel espère que cette exposition permettra non seulement d’élargir la connaissance sur le monde bédouin mais également de faire connaître les artistes afin qu'ils percent dans le milieu, vendent leurs oeuvres et, à terme, montent leur propre exposition.
L'exposition est à découvrir jusqu'au 14/09 à la galerie Rosenfeld, au 1 rue Hamifal, à Tel Aviv. Le vernissage aura lieu le 5/09 à 19h.
Caroline Haïat
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