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Photo du rédacteurCaroline Haïat

Féminisme et langage inclusif : "Aliades" d'Alexander Katzowicz fait son entrée à Tel Aviv



Plongée au coeur de Buenos Aires. Le dernier film du réalisateur israélo-argentin Alexander Katzowicz, "Aliades" (Alliés), avec Ananda Bredice et Nahuel Vec, sorti en 2023 va être projeté à la cinémathèque de Tel Aviv pour la première fois du 11 au 16 septembre, en Espagnol, sous-titré Hébreu. Les 11 et 14 septembre, Alexander donnera une conférence après la projection. Avec "Aliades", il offre au public une comédie romantique, surprenante et audacieuse, qui représente avec ironie la polémique autour du langage inclusif, du féminisme et des relations sociales à Buenos Aires. Alexander propose de manière subtile une satire à la fois du chauvinisme et du féminisme, sans jamais prendre partie. Au-delà de l’idéologie et de la politique, l’amour naît entre les hommes et les femmes. Le film présente une dure réalité qui est rarement montrée de nos jours dans le courant culturel dominant. Le film a notamment remporté 8 prix pour le meilleur film et meilleur réalisateur dans divers festivals au Mexique, en Argentine et en Uruguay, avant d'arriver en Israël.


Un autodidacte en herbe


Né en Israël, Alexander a grandi dans le milieu du cinéma. Son père était distributeur de films au cinéma Gordon à Tel Aviv. Alexander a travaillé dans le cinéma dès ses 18 ans, sans jamais l’étudier à l’université. Il s’est formé seul au septième art; une évidence pour celui qui n’a jamais souhaité être formaté, afin de s’imprégner du réel pour mieux l'appréhender dans ses films.

Alexander Katzowicz
Alexander Katzowicz
"Selon moi, le meilleur moyen d’apprendre le cinéma était de le découvrir par moi-même, et d’une façon non conventionnelle : en lisant des livres, en écoutant de la musique classique ou en allant au théâtre. Pour être un bon réalisateur, il ne s’agit pas uniquement de se focaliser sur le cinéma mais sur tout ce qui l’entoure; on doit s’inspirer du monde extérieur pour créer des œuvres qui sortent de l’ordinaire. Il s’agit avant tout de comprendre le narratif, et cela se passe uniquement quand on sort du cadre universitaire ou scolaire. Les écoles de cinéma par exemple, produisent des employés et non des artistes, sans personnalité. Aujourd’hui, la plupart des films que l’on voit sont tous dans la même veine, assez ennuyeux et faux", déclare Alexander Katzowicz.

Pour se démarquer, Alexander a appris le métier directement à la source en fréquentant les cinémathèques de Barcelone et de Madrid. Son expérience sur le terrain est très significative et l’a amené à réaliser des courts métrages d’animation, des films en stop-motion et des documentaires en Espagne, en France, en Argentine et au Mexique. Son premier long métrage, "Internet Junkie" est sorti en 2015 en Argentine, au Mexique et en Israël et a été vu dans 13 pays. 


Peu de temps après, pendant le coronavirus, Alexander a réalisé "Aliades". Un chef-d’oeuvre qui met l’accent sur les limites du féminisme et l’ampleur que le mouvement a pris ces dernières années dans les sociétés occidentales, atteignant un point de non retour : les femmes comme les hommes, peinent à trouver leur place, tant les codes sociaux semblent bouleversés. A travers des scènes où on assiste à des conversations entre hommes et entre femmes, qui se parlent très librement, parfois de façon trash, le film montre la dérive du féminisme et du langage inclusif et ses conséquences sur les relations humaines.

"Aliades"
"Aliades"

Les scènes d’amour dont le spectateur est témoin sont réelles. "C’est important de représenter les choses telles qu’elles sont. Souvent dans les films, on voit les acteurs après avoir passé un moment intime, sortir du lit à moitié habillés; cela n’arrive jamais dans la vraie vie. Ce film est un miroir de ce qu’il se passe dans nos quotidiens", affirme Alexander.


Ironiser le réel


Pour produire ce film, Alexander s’est inspiré d’histoires qui se déroulent à Buenos Aires, mais aussi de son environnement et de sa propre vie.


"Aliades"
"Aliades"
"Le langage inclusif en Argentine a pris des proportions affolantes, qui virent selon moi au ridicule et c’est ce que je voulais en quelque sorte dénoncer de manière ironique. Le féminisme également va beaucoup trop loin. Je suis pour l’égalité homme-femme, mais je pense que la situation devient exagérée. Les hommes sont rabaissés et ne savent plus comment se comporter envers les femmes; certaines entreprises n’embauchent même plus de femmes, pour ne pas avoir de soucis d’harcèlement sexuel", déclare Alexander.

Dans son film, Alexander ne défend aucun côté, ni les hommes ni les femmes, il se dit "pro intelligence" et se veut le plus honnête possible. "Les gens pensent que quand on représente quelque chose, on doit y adhérer totalement, mais ce n'est pas vrai. L’artiste doit prendre du recul et peut ne pas être d'accord avec la vision qu’il donne, mais juste vouloir être fidèle à ce qu’il voit dans la vie de tous les jours. Je suis contre l'ignorance, le fanatisme, l’inculture et la stupidité, je représente la réalité et non des idéologies", déclare-t-il.


En Argentine, Alexander est parvenu à conquérir un public très large : femmes, hommes, jeunes, personnes âgées, d’opinion politique de droite comme de gauche, qui ont énormément apprécié le film; les femmes notamment se sont beaucoup identifiées aux personnages. Alexander assure avoir "rempli sa mission". 


"Aliades"
"Aliades"
"Mon but est que les gens prennent du bon temps, rient et s’amusent, surtout en Israël en temps de guerre, le film donne une vraie bouffée d’air frais; c’est une manière de rire de la société mais aussi de réfléchir aux changements qui s’opèrent", a conclu Alexander.

Alexander travaille actuellement sur son futur projet, un film biographique en Israël avec les grands producteurs Moshe Edery et David Silber.


"Aliades" sera projeté les 11, 13, 14, 15 et 16 septembre à la cinémathèque de Tel Aviv. 



Caroline Haïat


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