
Deux combats parallèles : l’antisémitisme et le droit des enfants. L’Italien Meir Sasson s’est inspiré de son histoire personnelle pour créer l’association "Move On" il y a quelques mois. Elle soutient les victimes d’antisémitisme, aide les nouveaux immigrants dans l’alyah en Israël et s’occupe des droits de l’enfant en Europe. Fortement marqué par un divorce douloureux où il a perdu la garde de ses enfants et a été par la suite confronté à un antisémitisme féroce, Meir Sasson a décidé d’agir pour le bien de sa communauté. Ayant fait le constat que la police et les services juridiques ne protègent pas assez les victimes, il a monté lui-même, avec l’aide de plusieurs avocats une structure en ligne qui facilite la prise en charge des personnes.
Meir est né et a grandi à Milan. Il se lance très vite dans des études de droit à Paris qu’il n’achève pas, puis commence à travailler dans le commerce de fourrure et de diamants en Europe jusqu’en 2002. Friand des changements, il se lance ensuite dans un projet automobile. Quelque temps plus tard, il rencontre en Italie celle qui deviendra sa femme, avec qui il part vivre en Chine pendant 10 ans, à Shenzhen. Meir s’épanouit dans le commerce du vin et suit la production de produits casher dans différents pays d'Asie, qui sont ensuite exportés en Israël.

En 2017, tout bascule pour Meir, son ex-femme part en Italie avec leurs enfants, engage une procédure de divorce et un procès-fleuve avec pas moins de 66 audiences. Il est donc contraint de quitter la Chine à regret. Après avoir donné le Get, la garde de ses enfants lui est retirée et il n’a plus le droit de les voir bien qu'il soit déclaré innocent face aux accusations de sa femme. Ce drame familial l’amènera à se battre corps et âme pour qu’aucun parent ne vive sa situation.
Pendant son procès, Meir ressent l’antisémitisme de la part des juges, "les audiences étaient toujours fixées près des fêtes juives", dit-il.
"J'ai été privé d'assister à la Bat Mitzva de ma fille et à la Bar Mitzva de mon fils. A ce moment-là, j'ai compris que je devais agir pour les droits des enfants. En Italie, il y a 90.000 cas d'aliénation parentale par an. J'ai suivi une formation en ligne dispensée par la Cour européenne des droits de l'homme, qui délivre ensuite un certificat", déclare Meir Sasson.
Entre 2017 et 2022, Meir réside à Trieste en Italie, avant de faire un tour d’Europe de l’est pour vendre des diamants. Il parcourt plusieurs pays à pied, dont la Slovénie, la Slovaquie, l'Ukraine, la Roumanie, la Hongrie, la République tchèque et la Pologne, durant 18 mois. Alors qu'il séjourne dans un foyer en Pologne, Meir est victime d'une grave agression antisémite. Suite à un débat contre les Juifs et Israël lancé par un résident du foyer, Meir est frappé violemment à la tête pendant son sommeil par ce même homme. Un grand désarroi pour Meir qui n’obtient pas justice au tribunal de Cracovie.
Deux traumatismes à l'origine de Move On
"De nos jours, le problème de l’antisémitisme en Europe est grandissant, on peut désormais être antisémite d’une manière complètement légale. Le FRA (European Union Agency for Fundamental Right) ne répertorie pas assez les faits, c'est ce qui m'a encouragé à créer ma propre association qui comprend un soutien légal au niveau européen pour toute victime d’antisémitisme. Au lieu d’aller à la police pour porter plainte, les gens peuvent remplir un formulaire sur le site, qui est envoyé directement à un avocat du pays où s’est produit l’agression, qui suit le dossier. La deuxième partie s'occupe de l’alyah dans le domaine de l’importation des affaires personnelles, de la douane et de l’immobilier sur Haïfa et la troisième partie gère les droits des enfants en Europe. J’aimerai que les enfants aient droit à leur propre avocat", affirme Meir.

Selon Meir, depuis le 7 octobre, la situation en Europe concernant l'antisémitisme est très préoccupante, avec notamment une libération de la parole. "On se retrouve avec des gamins antisémites qui ont 13 ou 14 ans et qui occuperont dans quelques années des postes dans les banques, les magasins ou encore les administrations, il faut prendre le problème au sérieux dès maintenant", a déclaré Meir, soulignant que l'antisémitisme en ligne fait de nombreux dégats. "Pendant plusieurs semaines, je me suis retrouvé à répondre à des centaines de personnes antisémites sur les réseaux, 4 heures par jour; j'ai même été banni de Linkedin à cause de mes posts, sans possibilité de faire appel", a-t-il conclu.
Aujourd’hui, il réside en Inde pour poursuivre son commerce de diamants et voyage dans le monde entier.
Pour consulter le site Move On : https://moveon.ovh/
Caroline Haïat
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