Le capitaine Israel Ben Shitrit, orthodoxe marié et père de 5 enfants a combattu dans l’infanterie à Gaza ces derniers mois. Grièvement blessé, il s’en est sorti par miracle et ne rêve que d’une chose : revêtir à nouveau l’uniforme pour défendre le pays. Israel nous a livré un témoignage poignant, des premières minutes du maudit 7 octobre à sa dernière bataille à Gaza. Débordant d’amour pour sa terre, Israel a la profonde conviction qu'il est de notre devoir de montrer au monde l’unité sans précédent dont font preuve les soldats et le peuple, pour vaincre les forces du mal qui cherchent à anéantir l'État hébreu. En tant que religieux, Israel clame haut et fort sa fierté de servir dans les rangs de Tsahal.
La guerre du "bien contre le mal"
"Les gens doivent comprendre que cette guerre n’est pas uniquement entre Israël et Gaza. A Khan Yunès, il n’y a pas une maison sans armes et sans photos d’enfants portant des kalachnikov. Les livres et cahiers d'école sont remplis de la haine du juif. C’est une guerre de la lumière contre les ténèbres, nous nous battons contre l’enfer", déclare Israel Ben Shitrit à Itonnews.
Israel vit avec sa famille à Yeruham dans le désert du Néguev à 20 minutes au sud de Beersheva. Avant que la guerre n’éclate, il travaillait dans une startup et était réserviste dans l’unité Alexandroni, à la frontière nord, environ 16 jours par an. "Ce qui s’est passé dans le sud avec les terroristes de Gaza, c’est ce à quoi nous nous préparons au Nord : les scénarios d’infiltrations, d’attaques, d’enlèvements, et la conquête de villes par le Hezbollah, je savais donc pertinemment quoi faire", affirme Israel.
Le matin du 7 octobre, Israel est réveillé en sursaut à 6h30 par une alerte à la roquette, "ça n’arrive jamais à Yeruham, j’ai sauté du lit immédiatement et j’ai compris qu’il se passait quelque chose d’inhabituel. C’était shabbat, mais j'ai tout de suite allumé mon téléphone et la télévision, et j'ai vu les jeeps blanches des terroristes entrer dans Sderot. Il n’y avait aucun doute : nous étions en guerre", raconte Israel.
Assurer la sécurité des habitants
A ce moment précis, Israel ne pense qu’à une chose : prévenir tous ceux qui n’ont pas eu les informations et les sauver d’un éventuel massacre. Très vite, il se rend en voiture à la synagogue de Yeruham et demande à tous les fidèles d’évacuer et de rentrer chez eux. "Ils m’ont pris pour un fou car c’était Simha Torah. Je leur ai dit que le Hamas attaquait le sud du pays et pouvait parvenir jusqu’à nous depuis Rafah". Il fait ensuite le tour du lac de la ville et exhorte tous les promeneurs à se mettre à l’abri. "Avec un ami, on a même bloqué les entrées de la ville avec des checkpoints", se souvient-il.
"J’ai ensuite appelé tous les soldats de mon unité pour qu’ils se mobilisent à la frontière nord avec le Liban car on craignait une attaque similaire là-bas", raconte Israel.
Animé par une détermination de fer et un courage sans nom, Israel prend la route pour le Nord sans armes, muni uniquement de son casque et d’un gilet par balle. Avec les soldats de sa brigade, Israel restera 4 mois au kibboutz Malkia, situé à quelques kilomètres du Liban, pour défendre la frontière et contrer les actions du Hezbollah. Puis en février, il est mobilisé à Gaza.
En vie par miracle
Partagé entre sa famille, son business et l’armée, Israel n’hésite que deux minutes avant d’accepter de rejoindre les combats à Gaza. Il s’engage alors dans une dure mission de trois semaines aux côtés de l’unité Egoz. L’objectif est de tuer les terroristes de la Nukhba, d'obtenir des informations concernant les dépouilles d’otages à Khan Yunès et neutraliser les tunnels. "On a assisté à des scènes terribles et nous avons abattu 80 à 100 membres du Hamas; de notre côté, il y avait des dizaines de blessés mais de nombreuses vies ont été sauvées grâce aux transfusions de plasma directement sur le terrain, la médecine israélienne est remarquable à ce niveau," souligne Israel.
Après être rentré se reposer auprès des siens quelques jours, Israel est rappelé pour une dernière mission d’une semaine dans le quartier Al-Amal de Khan Yunès, où il frôle la mort de près. "Je suis arrivé là-bas vers 2h du matin et vers 6h, j’ai été réveillé par un énorme bruit, le Hamas venait de jeter deux grenades avec un RPG près de notre immeuble. Deux soldats ont été tués et de nombreux blessés, je me suis dit 'c’est ta mission, ils ont besoin de toi', on a aidé à l’évacuation des blessés puis on a sécurisé la zone", se rappelle Israel.
Très vite, la situation dégénère. Israel se dirige vers les véhicules militaires, puis quelques secondes après, il est touché par des tirs du Hamas : "j'ai cru que c'était la fin, j’ai senti la balle au-dessus de ma tête et avec la force de l’explosion j’ai été propulsé au sol. Je sentais que j’étais blessé dans toute la partie droite de mon corps mais j’avais peur que le terroriste tire à nouveau sur moi, alors je me suis faufilé entre deux véhicules avant de perdre connaissance", raconte Israel.
Peu de temps après, Israel ouvre les yeux et se réveille dans un véritable chaos, il entend des cris et des tirs mêlés et parvient à se hisser difficilement jusqu’à la première maison qu’il trouve, où demeure l’unité des parachutistes. "Ils m’ont pris pour un terroriste et ont voulu me tuer, j’ai dû leur dire que je venais de la brigade Alexandroni, ils étaient si nerveux, j’ai crié ‘cessez-le-feu’ et leur commandant a compris et les a éloignés de moi, il m’a sauvé la vie", dit-il.
Israel, blessé à l’estomac et à la jambe, est évacué à l’hôpital Soroka de Beersheva où il passera trois mois et demi en réhabilitation. Lorsqu’il a quitté Gaza, Israel s’est fait la promesse de promouvoir les valeurs d’unité au sein de l’armée dont il avait été témoin. Selon lui, c’est la base de la nation et le seul moyen de vaincre l'ennemi.
"Je me dois de perpétuer l’esprit d’unité qui s’est mis en place dès le 8 octobre en Israël mais aussi dans les communautés juives du monde qui ont apporté leur aide et leur soutien au pays. C’est incroyable toutes les actions bénévoles, le dévouement et la solidarité qu’on a pu observer, y compris dans les hôpitaux. C’est comme cela que la société israélienne doit avancer, on doit tous rester soudés", affirme Israel.
Les divisions actuelles de la société autour de la loi sur l'enrôlement des ultra-orthodoxes dans Tsahal font bondir Israel de colère. "Cela doit être un droit et non une loi de s'enrôler, c’est ce que nous enseigne la Torah : servir pour des gens qu’on ne connaît pas et les protéger. Je suis orthodoxe, j’apprends la Torah chaque jour, même à Gaza, mais je pense qu’en temps de guerre, la plus grande mitsva est de sauver le pays", a-t-il conclu.
Caroline Haïat
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