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Les tendances de l’intelligence artificielle à Oman

  • Photo du rédacteur: Caroline Haïat
    Caroline Haïat
  • 29 juin
  • 3 min de lecture
Oman
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Depuis quelques années, Oman a engagé une transformation numérique ambitieuse, au cœur de laquelle l’intelligence artificielle (IA) joue un rôle clé. Propulsée par la stratégie nationale "Oman Vision 2040", cette évolution vise à diversifier l’économie, réduire la dépendance aux hydrocarbures, et moderniser les services publics. L’IA est ainsi intégrée dans plusieurs secteurs essentiels comme la santé, l’éducation, la finance, la sécurité et l’administration publique.


Une stratégie nationale pour l’intelligence artificielle


La transformation numérique d’Oman s’est accélérée avec la création en 2020 de l’Autorité pour la transformation numérique (Authority for Digital Development), qui supervise le développement des technologies avancées, dont l’IA. Le Sultanat a également adopté une stratégie nationale d’intelligence artificielle et de mégadonnées (AI & Big Data Strategy), en partenariat avec l’Université Sultan Qaboos et des acteurs privés.


"L’IA n’est pas une option à Oman, c’est un levier de souveraineté économique et de modernisation des services publics", déclare Dr. Ali Al Shidhani, sous-secrétaire au ministère des Transports, des Communications et des Technologies de l'information (MTCIT).

Santé : prédiction, imagerie et gestion des épidémies


Le secteur de la santé est l’un des premiers à bénéficier des avancées de l’IA. Les hôpitaux publics et privés utilisent déjà des outils d’imagerie médicale assistée par IA, notamment pour la détection des cancers ou l’analyse des IRM. Pendant la pandémie de Covid-19, le ministère de la Santé a déployé des algorithmes d’IA pour suivre en temps réel la propagation du virus, identifier les foyers actifs et optimiser les ressources hospitalières.


L’Institut de recherche médicale de l’Université Sultan Qaboos développe également des projets autour de la médecine prédictive, en croisant les données génétiques et les antécédents médicaux pour anticiper les risques de diabète ou de maladies cardiovasculaires.


"L’IA nous permet d’aller vers une médecine de précision, ce qui est crucial pour un pays où les maladies chroniques pèsent lourdement sur le système de santé", explique le Dr. Maha Al Lamki, chercheuse en bioinformatique.

Éducation : personnalisation de l’apprentissage et analyse prédictive


Dans le domaine de l’éducation, l’IA est utilisée pour personnaliser l’enseignement selon les besoins et les capacités des élèves. Des plateformes d’apprentissage en ligne comme Taleem ou Nahla wa Nahil ont été adoptées dans les écoles publiques pour offrir un suivi individualisé.


L’Université de Nizwa et l’Université technologique de Sohar ont mis en place des outils d’analyse prédictive afin d’identifier les étudiants à risque de décrochage ou de sous-performance. L’objectif est de proposer un accompagnement ciblé, grâce à l’analyse des données de participation, d’évaluation et de comportement.


"L’intelligence artificielle transforme notre relation à l’apprentissage. Elle permet de détecter les lacunes avant qu’elles ne deviennent un échec", affirme le Pr. Khalid Al-Busaidi, expert en technologies éducatives.

Le secteur financier à Oman connaît lui aussi une mutation importante grâce à l’IA. La Banque centrale d’Oman encourage l’adoption de technologies de machine learning pour la détection des fraudes et le scoring de crédit. Les principales banques commerciales du pays, comme Bank Muscat ou Bank Dhofar, utilisent des algorithmes d’IA pour analyser en temps réel les transactions suspectes, prévenir les cyberattaques, ou encore proposer des offres personnalisées à leurs clients.


Des fintechs émergentes comme TelyPay ou Thawani intègrent l’IA dans la gestion des portefeuilles, les paiements intelligents et l’évaluation des risques. "L’intelligence artificielle nous permet de mieux comprendre les comportements des utilisateurs et d’adapter nos produits à la demande réelle", explique Mohammed Al Wahaibi, CEO de Thawani Technologies.

Oman
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Sécurité et villes intelligentes : vers une gestion prédictive


Le ministère de l’Intérieur et la Royal Oman Police (ROP) utilisent l’IA dans des projets de vidéosurveillance intelligente, de reconnaissance faciale et de gestion du trafic. À Mascate, un système d’analyse vidéo en temps réel permet déjà d’anticiper les embouteillages et d’optimiser les feux de signalisation. Le développement des "smart cities", notamment à Duqm et Sohar, intègre également des technologies d’IA pour la gestion de l’énergie, des déchets, de la consommation d’eau et des transports publics.


"Une ville intelligente, ce n’est pas seulement un réseau de capteurs, c’est une capacité à prendre des décisions automatisées en temps réel. C’est ce que permet l’intelligence artificielle", résume Dr. Salim Al Harthy, conseiller pour le projet Smart Duqm.


Une montée en puissance encore dépendante de la formation


Malgré ces avancées, le développement de l’IA à Oman fait face à deux défis majeurs : le manque de compétences locales spécialisées et la nécessité d’un cadre réglementaire clair. L’Université Sultan Qaboos et d’autres établissements ont récemment ouvert des filières dédiées à l’IA, mais la demande reste supérieure à l’offre.


"Nous avons besoin de former une nouvelle génération d’ingénieurs et de chercheurs capables de créer des algorithmes, pas seulement de les consommer", insiste le Dr. Nasser Al Rawahy, doyen de la faculté d’ingénierie à Sohar University.


Parallèlement, Oman travaille à l’élaboration d’une charte éthique pour l’IA, en lien avec les principes adoptés par l’UNESCO, afin d’encadrer l’usage des données personnelles, la transparence des algorithmes et la non-discrimination.


Caroline Haïat


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