Solal Fakiel, c’est une figure emblématique de la société israélienne. Cheveux longs et barbe imposante, du haut de ses 1.90 mètre, ce Franco-israélien suivi par plus de 53.000 followers sur Instagram, un brin provocateur, nous offre sa vision d’Israël. Brut de décoffrage, au style poétique et percutant, Solal est une personnalité qui ne laisse pas indifférent. Avec son franc-parler et sa connaissance impressionnante de la linguistique, il fait découvrir au monde, via son compte Instagram "le vrai Israël", celui dont peu font écho, un Israël décalé, osé, et surtout très authentique.
Solal est arrivé en Israël il y a 14 ans par hasard et a fait son alyah officiellement en 2020. Photographe et vidéaste de profession, Solal a notamment travaillé 7 ans pour adidas Israël et l’Institut français, avant de tourner son propre documentaire sur Israël et la Judée-Samarie.
Pendant le coronavirus, il a créé son blog, qu’il a très vite transformé en page Instagram en 2022, intitulée IFI (Israel from inside) en hommage à son père. "Ifi c’est le nom de mon père que je n’ai plus, c’est une dédicace à mon papa avec ses initiales. En Israël, on est toujours jugé par l’étranger. On dirait qu’ils savent mieux ce qu’il se passe ici et je voulais donner un autre point de vue, de l’intérieur, sur notre quotidien", affirme Solal.
Dans des petites vidéos, ou des posts écrits, il fait découvrir la société israélienne au fil de ses rencontres avec les différentes communautés du pays, y compris les populations des territoires palestiniens. Son but : faire de la hasbara et raconter la vérité sur Israël à un monde hostile qui relaie sans cesse la désinformation.
"Comme je n’ai pas un physique juif, je peux aller partout, on ne m’embête pas", affirme Solal, "c’est pour cela que j’ai voulu faire mon alyah tard, car en tant que Français, j’ai pu me promener partout dans cette région, même à Bethléem, pour rencontrer les habitants, c’est ce qui me fascine", dit-il.
Un Israël cosmopolite
Solal aborde des thèmes variés : religion, peuples, science, mais aussi linguistique, son sujet de prédilection.
En réalisant son documentaire sur Israël et la Judée-Samarie, à visée touristique et politique, Solal a approché les personnalités incontournables de la hasbara, comme le militant Rudy Rochman, mais aussi des Juifs, des Chrétiens, des Druzes, des Bédouins et des Musulmans qui aiment parler d'Israël.
"J’ai interviewé des Palestiniens qui viennent travailler à Yafo pour l’Autorité palestinienne et de manière plus surprenante, des mecs du Hamas. J’aime aller à la rencontre des gens et me lier d’amitié avec eux, c’est ce qui me permet d’alimenter mon contenu. Je suis notamment allé au Mont Tabor en Galilée et à Tsfat. J'aime l’aventure. J’ai été guide à Jérusalem et j’exhorte le public à aller sur le mont du Temple, c’est un endroit sublime. Il y a plein d’étoiles de David sur le dôme du rocher, que personne ne voit. J’aimerai que le mont du Temple soit définitivement israélien, et pas à moitié jordanien, car on gère mieux la paix qu’eux", déclare Solal.
Une passion pour la linguistique
Ce qui anime Solal par-dessus tout, c’est son amour pour les langues et en particulier la langue hébraïque. Il relie aisément les mots, fait des associations de termes et en donne la signification dans plusieurs langues. Il ne peut s’empêcher de faire des combinaisons et d’analyser le sens des prénoms, qui selon lui, reflètent à la perfection la personnalité de ceux qui les portent.
"J’aime beaucoup les mots, il y a une sorte de danse entre les langues que je trouve passionnante, d’ailleurs mon prochain sujet c’est Babel. Avec cette histoire, Dieu a remis les hommes à leur place avec les langues, mais pour moi, la diversité des langues, c’est un cadeau!", explique-t-il.
Pour Solal, le problème à l’origine du conflit israélo-palestinien est le manque de communication. "Lorsque je suis parti nettoyer la nature, ensemble avec des Israéliens et des Palestiniens, on s’est rendu compte qu’on a plus ou moins les mêmes intérêts et qu’on n’est pas si différents, mais trop de barrières subsistent", déplore Solal.
"Être Israélien, c’est être droit, il y a l’idée de yashar (droit en hébreu), être droit envers Dieu mais aussi d'abord envers soi-même. Tandis que le Palestinien est dans la lutte, pales en grec veut dire lutter. Soit on essaye d'être droit, soit on lutte et le problème du lutteur c’est qu'il regarde par terre. Dans le judaïsme, on essaye de se redresser. Plus on est droit, plus la vie est facile", affirme-t-il.
Quel avenir pour Israël ?
Solal envisage une nouvelle Europe au Proche-Orient avec un seul Etat pour deux peuples. Selon lui, le Moyen-Orient idéal serait basé sur le format européen avec un réseau ferré reliant les Emirats, la Jordanie, l’Arabie saoudite et Israël.
"Il faut tendre la main et se compléter. Les rencontres qu’on fait ne sont jamais le fruit du hasard, elles viennent répondre à des choses au fond de nous qu'on ne veut pas forcément s’admettre. Je pense que plus Israël est grand, mieux on sera. Je ne vois pas comment deux Etats vont apporter la paix, il y a de la place pour tout le monde ici. Les développements, la paix et la stabilité économique peuvent stopper la guerre, mais les Palestiniens ne sont pas capables d’agir pour la paix, car ils ne savent pas développer une économie", a conclu Solal.
Son futur projet ? Solal travaille actuellement sur l'écriture d'un dictionnaire qui ferait le pont entre la science et la religion et donnerait des indications sur la psychologie des prénoms.
Page Instagram de Solal Fakiel https://www.instagram.com/israel_from_inside/?hl=fr
Caroline Haïat
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