"Coucher le Néguev sur le papier", telle était la mission de l’artiste israélienne Inbal Cohen Hamo lorsqu’elle a conceptualisé sa nouvelle exposition, très intimiste, "Land of the Moon". Exposés à la galerie Benyamin à Tel Aviv, les travaux d’Inbal s’inspirent de deux livres, Voyage dans le Néguev de Rina Baron et Terre du Néguev du photographe Peter Marom. Inbal a travaillé à partir de photographies issues de ces ouvrages qu’elle a ensuite scannées sur du papier et modifiées, pour les moderniser. Ses œuvres représentent le désert, une région qui lui est chère et qui fait partie intégrante de sa vie.
"Ces livres m’ont tout de suite rappelé ma jeunesse, car j’aimais beaucoup me promener dans la région du Néguev, elle est connectée à mon histoire personnelle. Le livre de Rina Baron raconte le voyage d'un garçon avec un chameau qui parle, à travers des sites historiques du Néguev. Mes œuvres sont très fidèles au Néguev tel qu’il est dans la réalité, je ne cherche pas à embellir le réel mais plutôt à révéler toutes ses facettes", déclare Inbal, très émue.
Pendant deux ans, Inbal a travaillé à partir de techniques très particulières pour arriver à un résultat tout à fait authentique; après avoir scanné les photos en noir et blanc, elle y ajoute parfois de la couleur. Elle a numérisé les clichés des livres de Baron et Marom avec un scanner simple mais aussi avec un scanner sophistiqué généralement destiné à la numérisation de films. Ses œuvres montrent le Néguev sous des angles peu connus du public, avec des détails obtenus uniquement après numérisation.
"Grâce au scanner, certains lieux apparaissent très différents qu’en photo ou en vrai. Les rochers aux formes étranges par exemple prennent notamment une apparence inédite, c’est pour cette raison que cette technique offre mille possibilités de création", assure l’artiste.
Inbal utilise également l'intelligence artificielle pour ajouter sa touche personnelle. Elle a par exemple greffé des ailes blanches au chameau de Marom, "sans elles, il ne ressemblait qu'à un simple chameau", ou superposé des bandes de couleur aux paysages désertiques pour les égayer.
La plupart des œuvres exposées ont été réalisées avant le début de la guerre, mais certaines ont été ajoutées après les massacres du 7 octobre, qui ont eu lieu dans le sud d'Israël. "Après la guerre, cet endroit du pays est devenu un peu un enfer pour moi - tant en termes de couleurs que de contenu. Si les images créées avant la guerre ont une certaine innocence, celles qui ont été réalisées ensuite sont empreintes de beaucoup plus de noirceur", affirme Inbal.
Ces dernières années, Inbal, artiste multidisciplinaire a présenté diverses expositions et projets collectifs; elle est notamment membre de la Benyamin Cooperative Gallery et du groupe Fedart et en parallèle, elle écrit sur l'art.
L’exposition est à voir jusqu’au 13 juillet à la galerie Benyamin, 5 rue Shvil Hameretz à Tel Aviv.
Découvrir le site d'Inbal : https://www.inbalcohenhamo.com/
Caroline Haïat
Comments