L’artiste israélienne de talent Efrat Yaron, inaugure sa nouvelle exposition "Récursivité" le 3 août prochain à Tel Aviv. Pour la première fois, elle utilise l’intelligence artificielle à la perfection pour donner une dimension unique à son art très coloré qui mêle le réel à l’abstrait. "Les problématiques auxquelles je fais référence sont principalement liées au besoin de sens... J'essaie d'introduire de la logique dans une réalité qui nous échappe." L’exposition très diversifiée présente des toiles en 2D, 3D ainsi qu’une installation vidéo, et nous entraîne dans un voyage fascinant qui est le reflet de la pensée de l’artiste.
Efrat Yaron repousse les frontières du monde qui nous entoure et crée une tension entre réalité réelle et réalité numérique, s’interrogeant sur la relation existante entre la source de son art et sa reproduction. Les œuvres sont empreintes de la dualité entre vérité et mensonge, réalité et fiction, des thèmes qu'elle a beaucoup étudiés ces dernières années.
"La mer est un symbole que j'utilise souvent. C’est d’ailleurs presque toujours mon point de départ car elle représente pour moi une valeur fondamentale, celle de la nature à l'état pur dans toute sa complexité. J’ai nommé mon exposition ‘Récursivité’, car cela fait écho en mathématiques au processus d’une action qui se répète et se reflète en elle-même à l’infini", déclare Efrat.
L’artiste entame sans relâche une recherche de la vérité intérieure, alors qu'elle plonge dans la mer d'images fournies par les médias.
"Nous sommes actuellement dans une période très confuse, inondés d’infos, avec des fake news et des retombées médiatiques, alors que pendant les pauses publicitaires on nous vend des produits contrefaits. Tout ce contexte m’a amenée à utiliser l’IA, j’ai chargé cet outil de s'occuper de mes peintures qui traitent du sens de l'existence", explique Efrat.
Dans ses oeuvres, la réalité uniforme et compréhensible qui était habituelle a été remplacée par une réalité floue et illusoire, constituée d'une mosaïque d'images enchevêtrées, tissées de fictions ou de fantasmes, et d'une réalité éloignée de celle que nous vivons. Une perspective intéressante qui rebat les cartes et perturbe le spectateur qui peine à distinguer le vrai du faux.
Un procédé original pour créer à l’infini
L'artiste a placé ses peintures dans un logiciel IA et lui a demandé de les décrire avec des mots, puis avec des images. Elle a ensuite apporté des modifications à la main avant de solliciter à nouveau le logiciel. En répétant le processus plusieurs fois, Efrat a créé une vision artificielle et inventée, reflet de la vision du monde de l’homme moderne.
"C’est une sorte d’expérience visuelle, je voulais voir ce que l’IA pouvait apporter à mes oeuvres et de quelle manière l’outil numérique s’interposerait face à la création originale pour donner des résultats inédits. Il ne s’agit pas d’une exposition construite entièrement à partir de l’IA, car le rendu final m’appartient. C’est un processus troublant car la machine sort des dizaines d’images créées à partir de mes peintures mais en réalité, ce ne sont pas les miennes. C’est un outil très intéressant, qui joue le rôle d’un intermédiaire et qui permet d’obtenir des versions tout à fait surprenantes, mais il ne peut en aucun cas remplacer le travail d’un artiste", déclare Efrat. "Il y a une sorte de dissonance entre le processus informatique du logiciel et le travail artistique manuel, qui m’a énormément plu."
Aux milliers d'images produites par l'ordinateur, Efrat a attaché une étiquette similaire à celle des objets de consommation, puis elle a créé un collage qui exprime l'artificialité contre l'authenticité et le naturel.
Efrat s'est également inspirée d'un groupe de piscines artificielles qui marquent pour elle le changement de forme de la mer. Dans sa peinture, les piscines se reflètent à travers les colonnes architecturales avec le ciel et la mer. Lorsqu’elle a isolé l’image numérique, des flaques ont émergé qu’elle a décidé de traduire physiquement dans l’espace.
"Le monde change et on ne doit pas avoir peur de la technologie, je pense qu’au contraire, il faut s’en servir à bon escient pour faire fructifier l’inspiration. J’essaye notamment d’utiliser plusieurs techniques et moyens d’expression car il me semble que c’est l'avenir de l’art", a conclu Efrat.
Le vernissage aura lieu le 3 août à 11h à la Periscope Gallery, 176 rue Ben Yehuda à Tel Aviv. L’exposition, montée par la commissaire Sari Paran, se tiendra tout le mois d’août.
Caroline Haïat
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