Mira Maylor est une artiste israélienne contemporaine hors pair qui bouleverse les codes et les normes pour initier le visiteur à de nouveaux concepts artistiques. Mira nous emmène dans un univers qui lui est propre, une bulle de verre, reflet d'une réalité insaisissable. Dotée d’un grand professionnalisme et d’une finesse d’esprit, Mira établit sans cesse des parallèles entre l’ancien et le moderne, l’abstrait et le concret, le caché et la transparence. Ses œuvres originales qu’elle expose aux quatre coins de la planète sont réalisées à partir du verre qu’elle travaille minutieusement. Les travaux de Mira ont fait le tour du monde, dans les musées, les galeries et plusieurs bâtiments dont la résidence du président à Jérusalem ou encore l’hôpital Ein kerem. Elle procède méthodiquement en exploitant des thèmes ou des objets du quotidien qu’elle décline en plusieurs séries afin de leur donner une dimension singulière, à laquelle elle ajoute sa touche personnelle. Itonnews a rencontré Mira Maylor, qui expose dans une galerie d’art rue Shabazi à Tel Aviv. Cette personnalité atypique et inspirante ne laisse personne indifférent. Portrait.
Des oeuvres qui appellent à la réflexion
"J'aime quand l’art fait sortir les gens de leur zone de confort et leur donne matière à réflexion sur quelque chose auquel ils n’auraient pas songé et qui les accompagne pendant longtemps. Mon objectif est de proposer un art qui dépasse le conventionnel et tend vers de nouveaux horizons. Je veux avoir un impact réel sur le public et susciter le questionnement; j’aime aussi quand mon art rappelle des souvenirs et permet de faire des croisements avec ce que nous connaissons. Je pense que c’est cela la force de l’art, c’est la nourriture de l'âme. Chaque artiste participe à cet enrichissement à la fois culturel et spirituel", déclare Mira.
Mira a trouvé sa vocation très jeune. "Tout a commencé vers l’âge de 15 ans. Un jour, j'ai pris un papier bristol et j’ai fait une caricature de ma professeure qui a ensuite été accrochée au lycée. Je me rappelle que cela avait fait scandale à l’époque tout en suscitant la fascination chez mes camarades et ma professeure qui se souvient encore de moi aujourd’hui grâce à cette première œuvre. C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience de l’impact de la création artistique", raconte Mira.
Après son service militaire, Mira entame une licence en économie car elle a toujours voulu savoir "comment l’argent mène le monde". Toutefois, elle se rend compte très rapidement que cette voie ne la passionne pas et elle décide d’étudier l’art par elle-même. Mira s'envole alors pour l'étranger pour faire ses premiers pas dans l'art, car la filière du verre est peu enseignée en Israël. Elle apprend à souffler le verre dans l’atelier de Pino Signoretto à Murano en Italie, qui possédait l’un des plus grands studios de verre; puis elle étudie aux Etats-Unis, au studio Pilchuck à Washington, au Canada et en Angleterre.
Fleurs, mains, ailes, soldats, têtes de mort, pistolets ou encore Lilith "démon féminin de la tradition juive": Mira réalise des œuvres en série et personnalise des "choses banales de la vie de tous les jours", pour leur attribuer une signification et un rendu originaux. Couleurs, matières et contrastes se fondent pour exprimer l’intimité et l'identité de l’artiste.
"Le concept de la Lilith me parle beaucoup. Avant, elle était considérée comme une sorcière tandis qu’aujourd’hui elle représente la femme moderne. Par ailleurs, les mains, c’est quelque chose d’universel que chacun possède en général et qui nous relie, mais c’est aussi le don, le toucher, et l'interaction avec l’autre dans toutes les cultures", explique Mira.
Mira travaille à partir d’images qui lui parviennent à l’esprit, elle imagine son œuvre puis elle la met en pratique. Il lui faut en général plusieurs mois selon la taille de l'œuvre et le type de verre. "C’est un processus long et laborieux qui prend beaucoup du temps pour obtenir un rendu satisfaisant. Pour moi, l’art est semblable à une quête, on est obligé de parvenir à ses fins et de produire ce que nous avons en tête, peu importe ce que cela donnera", affirme Mira.
Un succès en dehors des frontières
Mira Maylor est une artiste reconnue à l’international, elle a notamment exposé en Ukraine à Dnipro, dans la cour du centre communautaire juif et dans des maisons privées, à Chicago, au Japon ainsi que dans sa galerie à San Francisco. Elle vend aussi ses oeuvres: "je suis contente quand elles vont dans une nouvelle maison, c’est comme un prolongement de leur vie et cela libère de la place pour la création de nouvelles oeuvres".
Mira expose actuellement au musée de Modiin et prépare sa nouvelle installation en verre qui sera exposée au tribunal à Jérusalem dans le quartier Kyriat Hamemchala, en début d'année prochaine. Cette oeuvre en verre en forme de cocon qui oscille entre caché et dévoilé, sera disposée près d'une fenêtre, pour mettre en valeur "le jeu de lumière et de transparence".
"Ce sont des concepts métaphoriques très importants surtout dans un tribunal; mes oeuvres deviennent de plus en plus pertinentes, notamment en cette période difficile que nous vivons actuellement", a conclu Mira.
Caroline Haïat
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