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  • Photo du rédacteurCaroline Haïat

"Le gardien du berger" interroge sur le concept de "deux peuples pour une terre"

Dernière mise à jour : 28 août


"Le gardien du berger"
"Le gardien du berger"

Le film documentaire israélien "Le gardien du berger" de Hadara Oren, projeté à la Cinémathèque de Tel Aviv, a remporté un prix au dernier festival DocAviv. Ce film de 70 minutes, en Arabe et en Hébreu, met en scène les bergers bédouins de la vallée du Jourdain, qui font face à la pression et aux menaces de l’armée et des forces de sécurité, qui tentent à chaque fois de les déloger. 


D’une manière surprenante, le film débute par l’intervention d’une femme bédouine. Les femmes arabes ont la parole tout au long du documentaire, livrant avec assurance leurs opinions. La place accordée aux femmes, arabes et juives montre leur implication dans le conflit et l’importance de faire entendre leurs revendications. On voit notamment une femme âgée juive s’interposer entre des soldates qui tentent de faire déplacer des Bédouins. Les femmes occupent un rôle majeur dans le film, ce sont notamment elles qui déplacent les équipements lorsqu’elles sont contraintes de le faire.


Le spectateur découvre les paysages désertiques, parfois peuplés par les troupeaux de moutons, dans le silence absolu, qui contrastent avec la brutalité des actions des forces de sécurité, venues briser le calme apparent. Le film se concentre sur les luttes bibliques pour la terre et l'eau, sur fond de merveilleux paysages de la Genèse.


On suit un activiste qui documente lui-même avec sa caméra, dans une sorte de mise en abyme, le sort des Bédouins du nord du pays, soumis à la violence des extrémistes, malveillants à leur égard. Le film alterne entre la beauté des paysages et la dureté du conflit entre Israéliens et Palestiniens, qui se battent pour une terre. L’usage de l’Arabe et de l'Hébreu est lui aussi alterné, symbolisant la lutte perpétuelle entre les deux peuples. 


On découvre la vie rudimentaire des Bédouins nomades qui résident dans des conditions précaires et sont en constante errance avec leurs troupeaux. Les voitures de l’armée et de la police dépêchées sur les lieux pour les exhorter à partir, font irruption sans cesse. Mais sans violence.


Ici, la violence a lieu entre Juifs, et non entre Arabes et Juifs. Les militants juifs protègent et défendent les Bédouins des extrémistes. Juifs et Arabes se parlent dans les deux langues, rigolent et vivent en harmonie, la complicité est là. 


Encore et toujours, les paysages désertiques et les silences viennent apaiser l’atmosphère tendue qui règne. 


Le spectateur assiste impuissant à des scènes violentes, parfois gênantes entre Juifs qui se battent concernant l'avenir des Bédouins. Cependant, ces derniers ne tentent jamais de s’opposer aux pressions de l’armée. Ils font preuve d’une résilience sans nom.


"Je ne sais pas comment ils supportent cela, si c’était moi, je serais soit en prison soit mort", affirme l’activiste.


Tout au long du film, les Bédouins sont aidés par les quelques juifs de passage dans la région, militants des droits de l'homme, qui témoignent en leur faveur et s’opposent aux déplacements de population qu’ils subissent. Le spectateur est transporté d’une scène à l’autre entre l’univers des Bédouins et la réalité complexe qu’ils endurent lorsque les forces de sécurité débarquent.


Un documentaire intelligent tant sur le plan cinématographique que sur sa portée, qui interroge la société israélienne sur son rôle et celui de ses citoyens dans l’intégration des minorités, afin de faire évoluer les mentalités. 


Il s’achève sur une perspective optimiste. Dans la dernière scène, on observe les Juifs et les Palestiniens de cette région planter ensemble "les arbres de l'espoir d'une vie commune". Après le 7 octobre, ils ont bien compris que seule l'entente semble être la voie vers la paix, bien qu'elle soit encore entachée de craintes mutuelles.


Caroline Haïat


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