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  • Photo du rédacteurCaroline Haïat

Le photojournaliste Oren Ziv "met en lumière ceux que la société rejette"


Manifestation contre la destruction d'Al Arakib
Manifestation contre la destruction d'Al Arakib

Photographier ceux qui sont en marge et les mettre au centre de la scène, tel est l’objectif du photojournaliste israélien Oren Ziv. Depuis plus de 20 ans, Oren réalise différents projets qui sortent de l’ordinaire en utilisant l’espace public, véritable vivier où il puise son inspiration pour capturer d'incroyables images, révélatrices des failles de la société. Portrait du maître de la photographie sociale et documentaire.


Oren est né et a grandi à Haïfa. A l’âge de 17 ans, il débute dans la photographie avec l’attentat du bus 37 à Haïfa qui a tué une vingtaine de personnes. Puis, il se lance dans la photographie de manifestations, toujours à Haïfa, en 2002 et 2003 contre les accords politiques. En 2005, Oren s'intéresse à la manifestation contre la barrière de sécurité construite en raison des attentats, le long de la ligne verte. Sur place, il réalise une série de photos, puis il se rend de l'autre côté, à Kfar Bilin près de Ramallah, où il photographie les habitants qui ont entamé une protestation contre cette barrière, devenue un véritable symbole de leur lutte. 


Barrière de sécurité entre Israël et la Cisjordanie
Barrière de sécurité entre Israël et la Cisjordanie
"La barrière n'a pas été construite le long de la ligne verte mais à l'intérieur des villages palestiniens", souligne Oren. "Après avoir passé plusieurs mois à photographier les habitants mécontents de l’installation de la barrière, j’ai réuni plusieurs photographes et nous avons réalisé une exposition. Nous avons imprimé les photos sur des formats A3 et les avons accrochées un peu partout dans les villes israéliennes aux alentours. Le but était que les Israéliens se rendent compte de ce qu'il se passe à quelques kilomètres de chez eux, dans les villages palestiniens", déclare Oren.

Oren et ses amis ont ensuite imprimé les photos sur un format carte postale, qui ont parfois été taguées par les passants, "ce qui nous a toujours intéressé, ce sont les gens qui voient nos photos et ne sont pas d’accord avec nous. Parfois, certains effaçaient les textes, ou écrivaient sur les photos", raconte Oren.


Oren a toujours voulu montrer au public des clichés qu’il n’a pas l’habitude de voir, "très différents de la photo conventionnelle".


Il a notamment photographié les manifestations bédouines en 2010 à Al Arakib, un village non reconnu par Israël entre Rahat et Beesheva, dont les habitations ont été détruites par Israël; ou encore les expulsions de familles du quartier Givat Amal à Tel Aviv. Ce quartier ouvrier a été remplacé par des tours luxueuses, donnant lieu à l’expulsion de 120 familles entre 2014 et 2021.


Manifestation à Al Arakib
Manifestation à Al Arakib

"Je veux mettre en valeur ceux que l’on rabaisse et que l'on déshumanise en quelque sorte, notamment avec les expulsions", déclare Oren.

Portraits des demandeurs d'asile
Portraits des demandeurs d'asile

Oren habite à Shapira, dans le sud de Tel Aviv, depuis une quinzaine d’années. Il travaille énormément sur le sujet des demandeurs d’asile d'Erythrée et du Soudan, nombreux à résider dans ce quartier. En 2018, il a photographié une manifestation contre le renvoi de ces migrants dans leur pays d’origine. "Sur l'une des photos les plus significatives de ce projet, on voit notamment les demandeurs d'asile attendre leur tour pour rentrer au ministère de l’Intérieur rue Salame. Ils patientent parfois de longues heures et personne ne fait attention à eux", souligne Oren.


Demandeurs d'asile à Tel Aviv
Demandeurs d'asile à Tel Aviv

Pendant la période du coronavirus, Oren a photographié les demandeurs d’asile chez eux et a réalisé des portraits de ceux qui ont été placés dans le centre de détention de Holot, dans le sud d’Israël. Une manière pour lui, ici encore, de mettre en évidence "ceux que la société cherche à dissimuler".


Demandeurs d'asile
Demandeurs d'asile

Les portraits ont été affichés dans la rue, à la gare centrale de Tel Aviv et sur les grillages qui entourent le centre de détention de Holot, sans textes, ni noms, "nous avons senti que le sujet était bien connu du public", affirme Oren. Il a également photographié les manifestations à Levinsky et Kikar Rabin, en faveur de ces demandeurs d’asile.

Manifestation en faveur des demandeurs d'asile à Kikar Rabin
Manifestation en faveur des demandeurs d'asile à Kikar Rabin

Le 7 octobre, Oren se réveille (comme l'ensemble du pays) au son des sirènes d’alerte à la roquette. Il décide de se rendre immédiatement dans le sud avec un ami photographe, pour ramener des photos inédites. Sur la route, ils constatent rapidement l’étendue du massacre commis par les terroristes.


Sud d'Israël le 7 octobre
Sud d'Israël le 7 octobre

Ils prennent quelques clichés puis se dirigent vers Ashkelon et Sderot, au poste de police qui avait été pris d’assaut par le Hamas. "Nous nous sommes arrêtés entre Sderot et Netivot, nous avons vu des jeunes tués par le Hamas sur la route. Tout au long de la journée nous avons entendu des tirs, et à un moment, nous avons compris qu'on se faisait tirer dessus, donc nous nous sommes cachés sous les voitures et 15 minutes après, nous avons été sauvés par les forces de sécurité", se souvient Oren.


Manifestation d'extrême-droite à Erez
Manifestation d'extrême-droite à Erez

Les jours qui ont suivi, Oren a photographié plusieurs endroits touchés par la tragédie, mais aussi les manifestations place des otages à Tel Aviv et devant la Kyria en présence de familles d'otages, ainsi que les manifestations contre le gouvernement.


Oren s'est également intéressé aux manifestations d'extrémistes de droite au point de passage d'Erez, qui ont tenté de rentrer à Gaza et en ont été empêchés par les forces de sécurité.


Cliché pris par un drone,  d'un village bédouin près de Ramallah
Cliché pris par un drone, d'un village bédouin près de Ramallah

Depuis peu, Oren s’est initié à la photographie par drone, afin d'obtenir des plans plus larges. En 2023, il a notamment réalisé des photos vues du ciel des communautés palestiniennes qui ont dû quitter leur village près de Ramallah, en raison de violences de la part des habitants des implantations.


Caroline Haïat


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