"Chaque individu naît avec une force et une faiblesse", affirme Ali Abu Ganem, Arabe israélien originaire de Rahat, qui a perdu la vue subitement dans sa jeunesse. Ali n’a jamais baissé les bras, il a su rapidement transformer son handicap en véritable force. Ali est aujourd’hui un modèle de réussite et une grande fierté pour les personnes atteintes de déficiences et pour la société israélienne dans son ensemble. Agé de 36 ans et père de trois enfants, Ali travaille dans différents domaines et n’hésite pas à repousser les limites. Doté d’une ambition infinie, il continue de réaliser ses rêves et gravit les échelons pour parvenir au sommet de sa carrière dans le milieu artistique. Portrait d’une personnalité qui ne laisse pas insensible.
Une détermination sans nom
A l’âge de 14 ans, la vie d’Ali bascule du tout au tout. Une grave infection aux yeux le rend aveugle. Son quotidien est alors rythmé par les visites chez les ophtalmologues. Il ne peut plus se déplacer seul et devient dépendant de sa mère jusqu’en classe de terminale. Malgré les difficultés, Ali obtient son bac avec brio et décide d’effectuer son shirout leumi (service civil) à l’hôpital Soroka, dans l’unité dédiée aux enfants où il a été pris en charge. Il prend alors ses marques seul, et prouve qu’il est capable de réussir. Une première victoire pour le jeune homme, qui travaille ainsi pendant deux ans comme traducteur; il continuera ensuite comme bénévole jusqu’en 2013, année de son mariage. Cette première expérience dans le milieu du travail en tant que personne malvoyante donne à Ali beaucoup d’assurance et lui fait prendre conscience de l’importance de donner de sa personne au service d'autrui.
Ali suit plusieurs formations théâtrales et rejoint les troupes locales de Rahat. Repéré pour ses talents de jeu de scène et son aisance par l’acteur et réalisateur Kaid Abu Latif (directeur artistique du théâtre arabo-juif Alyamama), Ali devient membre de la troupe. Il joue notamment dans la pièce le "Dernier Khan", qui remporte le prix de la meilleure pièce internationale au festival de Sarajevo en Bosnie, en 2023. Avide de succès, Ali participe à plusieurs festivals de théâtre, dont le célèbre festival annuel d’Akko.
Aider les autres pour guérir soi-même
Talentueux et déterminé, Ali a plus d’une corde à son arc. Il donne des conférences sur la confiance en soi, se produit dans les crèches du pays avec des spectacles de marionnettes pour enfants, joue en tant qu’acteur et prend part à plusieurs activités au centre communautaire de Rahat. Un don de soi qui reflète sa personnalité : Ali n’a qu’un seul but, transmettre aux autres sa joie de vivre et les leçons qu’il a tirées de son épreuve personnelle.
"Dieu nous donne à tous des faiblesses et des forces et il faut sans cesse s’en servir à bon escient. Il faut impérativement mettre l’accent sur les forces, c’est ce qui nous permet de devenir meilleur. Personnellement, je ne ressens pas le fait qu’il me manque quelque chose, car j'ai trouvé le moyen de m’en sortir malgré ce handicap. Personne n’est parfait, c’est à nous d’avoir l’intelligence de détourner les obstacles pour remplir nos objectifs de vie", déclare Ali à Itonnews.
Sans jamais voir qui il a en face de lui, Ali peut aisément décrypter en quelques secondes, de manière impressionnante, les individus qu’il rencontre. Il fait preuve d’une intelligence émotionnelle rare qui lui permet d’analyser de manière clairvoyante les situations dans lesquelles il se trouve et s’intégrer facilement dans la société. Très sociable et profondément empathique envers le monde qui l'entoure, Ali cherche avant tout à relayer la bienveillance qui émane de lui.
"Grâce à Dieu, j’ai réussi ce que je voulais entreprendre. Je souhaite prouver qu’aucun handicap ne peut nous empêcher de nous épanouir, tout est une question de volonté. Le corps n’est pas une limite, seul l’esprit l’est. Chaque individu a le pouvoir de changer son destin grâce à sa force intérieure. La vie ne nous attend pas, on doit choisir d’avancer et non de s’apitoyer sur son sort", a-t-il conclu.
Caroline Haïat
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