À Riyad, la chirurgie robotique prend une longueur d’avance
- Caroline Haïat
- il y a 3 jours
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Le King Faisal Specialist Hospital and Research Centre (KFSHRC) a dévoilé au Global Health Exhibition 2025 son système de chirurgie robotique de dernière génération. L’événement, organisé au Centre international d’expositions de Riyad, a réuni les plus grands noms du secteur médical mondial. Le message est clair : l’Arabie saoudite entend s’imposer comme un leader incontesté de l’innovation chirurgicale.
Depuis plusieurs années, le KFSHRC s’impose comme pionnier dans l’intégration des technologies robotiques au bloc opératoire. En 2024, ses équipes ont mené 1 370 opérations robotisées, soit une hausse de près de 30 % en un an. Une progression qui témoigne de l’investissement constant du centre dans la technologie et la formation médicale, mais aussi de la confiance croissante des praticiens envers ces outils de précision.
Les prouesses du KFSHRC dépassent désormais le cadre régional. L’établissement a réalisé plusieurs premières mondiales, dont une greffe de foie entièrement robotisée, une transplantation cardiaque complète et la première ablation robotisée d’une tumeur cérébrale intracrânienne. Derrière ces succès se cache une vision stratégique ambitieuse : faire de la chirurgie robotique la référence pour toutes les opérations à haut risque et forte technicité. Pour atteindre cet objectif, l'hôpital mise sur la formation de chirurgiens saoudiens à la pointe de la technologie et sur la création d’un écosystème national de compétences médicales capables de rivaliser avec les plus grands centres mondiaux.
La robotisation du système de santé s’inscrit pleinement dans la Vision 2030, la feuille de route de modernisation du royaume. La robotique en Arabie saoudite connaît actuellement une forte dynamique, portée par des initiatives gouvernementales majeures, un marché en forte croissance et des usages de plus en plus variés. Le marché des robots industriels était estimé à environ 178,2 millions de dollars en 2024. Il pourrait atteindre 543,7 millions d’ici 2033. On s’attend notamment à ce que la robotique se généralise dans l’agriculture, un secteur longtemps peu robotisé en Arabie saoudite.
Le ministère de la Santé y identifie la chirurgie robotique comme l’un des piliers du programme de transformation nationale, au même titre que la télémédecine, les hôpitaux intelligents et la biotechnologie. L’objectif est double : améliorer la qualité et la sécurité des soins, et faire de l’Arabie saoudite un hub d’innovation médicale capable d’attirer chercheurs, entreprises et patients de toute la région.
Des partenariats ont ainsi été signés avec des universités internationales et des sociétés de robotique pour transférer le savoir-faire et former une nouvelle génération de chirurgiens saoudiens. Riyad, en particulier, concentre les centres de formation et les programmes de simulation robotisée, destinés à familiariser les médecins avec les outils numériques du bloc opératoire.
Les bénéfices pour les patients sont déjà visibles : incisions réduites, cicatrices plus fines, récupération accélérée et séjour hospitalier raccourci. La précision des gestes limite les risques de complications et de perte sanguine.
La question de la démocratisation reste donc ouverte : comment garantir que les progrès technologiques profitent à l’ensemble de la population et non à une élite urbaine ? Le ministère de la Santé évoque déjà la création d’un réseau national de chirurgie robotique, qui permettrait de mutualiser les ressources et d’assurer une répartition plus équitable des équipements et des compétences.
Caroline Haïat
