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Quel impact le 7 octobre a-t-il eu sur la communauté juive de France et d’Israël?

Photo du rédacteur: Caroline HaïatCaroline Haïat

Un Juif lit un livre de prières
Un Juif lit un livre de prières

L’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël qui a fait 1200 morts et des milliers de blessés a créé un immense traumatisme chez la communauté juive du monde entier, allant parfois jusqu’à remettre en question le sentiment de sécurité, même en Israël. L’inquiétante montée d’un antisémitisme féroce dans plusieurs pays, associé à des passages à l’acte décomplexés et des manifestations pro-palestiniennes en nombre font redouter un retour aux sombres moments de l’Histoire. Pour certains, la date tragique du 7 octobre a marqué un profond tournant : plus rien ne sera jamais comme avant, les Juifs sont menacés où qu’ils aillent. Nous avons recueilli les témoignages de personnes de confession juive, de France et d’Israël, qui nous ont confié leurs craintes quant à l’avenir, mais aussi leur incroyable résilience et leurs espoirs.


Un point de non-retour


Jérémy, 39 ans, a vécu de nombreuses années en Israël avant de rentrer à Paris, mais depuis le 7 octobre, tout a changé : il ne rêve que d’une chose, retrouver la Terre Sainte, car paradoxalement, il ne se sent plus du tout en sécurité en France. Il raconte avoir adopté un mode de vie tout à fait différent, cachant sa judéité.


"C’est vrai que depuis le début de la guerre en Israël et le déferlement des actes antisémites en Europe, on a changé nos habitudes, on est beaucoup plus discrets. On commande beaucoup moins en ligne et on est souvent obligés de changer nos noms sur les applications. Quand je prends un taxi pour aller dans un resto casher, je lui demande de s'arrêter deux rues avant pour qu’il ne soupçonne rien. Personnellement, je suis très pessimiste quant à l’avenir des Juifs en diaspora, je pense que le danger sera de plus en plus grand à moins d’un changement de politique majeur, mais j’y crois peu", déclare Jérémy à Itonnews, ajoutant "pour moi, la solution est de vivre en Israël, car c’est notre pays."


Drapeau d'Israël
Drapeau d'Israël

Selon le Crif, les actes antisémites en France ont bondi de 1000% après le 7 octobre.


Pour Rose, 29 ans, en Israël depuis 10 ans, "notre perception globale de la sécurité a changé parce qu'on a l'impression que la guerre s’est exportée et touche la communauté juive dans son ensemble". La jeune femme est toutefois affirmative sur le fait qu'"on se sent plus en danger à l’étranger qu’en Israël alors que la menace se trouve sur notre territoire."


"Je ne suis pas du tout inquiète pour les Juifs en Israël, on va s'en sortir, on a l'une des meilleures armées au monde, et pour la sécurité au quotidien, les Israéliens sont très solidaires et prêts à intervenir à tout moment. En revanche, je pense qu’à terme, il sera impossible pour les Juifs de vivre à l’étranger, car on légitime les passages à l’acte sur fond d’antisémitisme et le terme ‘plus jamais ça’ semble banalisé aujourd’hui", explique Rose à Itonnews, déplorant que "les tensions et les attaques contre les Juifs gagnent en intensité et cela les force à cacher leur nom, leur magen David ou leur kippa et à rentrer les mezouzot".


Magen David
Magen David

Résister et rester optimistes malgré la hausse de l’antisémitisme


Ben, jeune trentenaire qui vit à Paris, est beaucoup plus optimiste, affirmant au contraire que les récents événements "peuvent faire ressortir une fierté supplémentaire d'être Juif, en France comme ailleurs."


"La communauté juive continue de nourrir les fantasmes et la haine des autres peuples. Il n'y a rien qui donne plus de force aux Juifs que la haine qu'ils subissent. La vie doit continuer, il faut se garder de déprimer et récupérer les otages. Peu importe le reste. Les Juifs ont commencé à se défendre depuis 80 ans, il ne faut plus jamais s'arrêter", déclare Ben à Itonnews.


"Il y a aura probablement d'autres actes de barbarie envers les Juifs, malheureusement, mais depuis l'avènement de l'État d'Israël, les Juifs ont intégré la notion de défense. Il n'y a pas de doute que le ‘plus jamais ça’ prendra davantage la forme d'une guerre maximale contre Israël qu'autre chose. Il faudrait qu'Israël tombe pour que l'Histoire se répète tragiquement", estime le jeune homme.


Joanna, 31 ans, originaire de Paris partage le même avis : les Juifs de diaspora n’ont pas le choix que de se battre et l’alyah en Israël ne doit pas équivaloir à "la solution opportune".


"Je n’ai pas peur pour l’avenir des Juifs en France car nous sommes une communauté puissante, ils peuvent tenter de nous faire partir par tous les moyens, mais on restera toujours là, ça ne changera pas. On n’est pas obligés de tous s'expatrier en Israël pour vivre en sécurité car aujourd’hui le danger est partout", assure-t-elle.

Carinne Leibovici
Carinne Leibovici

En Israël, la guerre quotidienne depuis 9 mois et l’attente du retour des otages toujours aux mains du Hamas a créé un sentiment de culpabilité parmi la population. La psychologue Carinne Leibovici, explique qu’en consultation, ses patients "sont dépités et dans une forme de déprime sous-jacente" concernant la situation.


"Ils se questionnent sur ‘comment se permettre de dire que ça va alors qu’il y a encore des otages et que nos soldats meurent au quotidien?’ et ‘comment reprendre une vie en oubliant ce qu’il se passe en Israël et dans le monde’? L’appréhension sur le sort des otages et le malaise face au gouvernement est également palpable. Toutefois, après le choc et la terreur, les mois qui se sont écoulés ont laissé place à un sentiment d’appartenance au pays qui a été renforcé, l’envie de se battre et de continuer de vivre heureux malgré la noirceur ambiante. Le besoin de se rattacher aux origines et à la religion (pour certains) est présent”, témoigne Carinne à Itonnews.


La perplexité des soldats de l’armée israélienne


Carinne mentionne également un phénomène peu relaté jusqu’ici : la perplexité de l’armée quant aux résultats sur le terrain. "Certains de mes patients soldats qui ont combattu à Gaza se demandent si finalement cela a servi à quelque chose. Leur motivation a considérablement diminué et ils sont déçus du manque d’organisation et de prise en considération des dirigeants. Ils ont l'impression d’avoir donné beaucoup de leur temps au pays sans en voir les aboutissements et sans pouvoir reprendre une vie normale", conclut-elle.


Selon un sondage réalisé par l'Ifop, 76% des Français estiment que l'antisémitisme est un "phénomène répandu", 57% l'expliquent par le "rejet et la haine d'Israël".


Caroline Haïat



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