Tel-Aviv : 27 artistes osent un "espoir sans frontières"
- Caroline Haïat

- il y a 10 heures
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Le centre culturel "Bifnokho" à Tel-Aviv accueillera le 30 octobre prochain l’exposition collective "Espoir sans frontières" — un projet artistique et social ambitieux qui interroge le pouvoir de l’espoir comme force mentale, émotionnelle et créative capable de franchir les barrières de la douleur, de la rupture et de l’incertitude.
Cette exposition, initiée par l’artiste et entrepreneuse Daniel Mano-Bella, est réalisée en collaboration avec "Nefashot", un collectif social qui œuvre depuis plusieurs années à sensibiliser le public à la santé mentale à travers l’art, la culture et le dialogue.
L’espoir comme acte et non comme sentiment
Dans un contexte collectif de fragilité psychique, de douleur et de tension permanente après deux ans de guerre, "Espoir sans frontières" propose de penser l’espoir non comme un simple sentiment rassurant, mais comme une capacité cognitive et émotionnelle active — une compétence à exercer. L’art devient alors un gardien d’espoir : un espace où il est possible de contenir, de reformuler, de transformer le vécu intérieur lorsque celui-ci devient trop lourd à porter seul.
Vingt-sept artistes participent à cette exposition plurielle, présentée dans le bâtiment historique de l’ancien porte-parole de Tsahal, aujourd’hui transformé par intu Reality Group en un lieu d’échange et d’expression. L’exposition est curatée par l’artiste et commissaire d’exposition Assia Weissberg, qui a souhaité créer un dialogue entre œuvres, émotions et contextes.
Les œuvres réunies explorent l’espoir sous toutes ses formes : intime, universel, fragile ou lumineux. Ainsi, Inbal Lotan présente "Je suis ce que je suis et ce que j’étais", une œuvre introspective où ses démons intérieurs apparaissent piétinés par des silhouettes — métaphore d’un processus de transformation et de croissance.

Pour Assya Weissberg, cette exposition prend un relief particulier dans le contexte de l’après 7 octobre :
"Les œuvres évoluent entre différents espaces d’espoir. Certaines déconstruisent des symboles familiers pour leur redonner du sens. En cette période de guerre, de deuil et d’anxiété, l’art devient un espace de réflexion, de soutien et de réparation. Il ne fuit pas la réalité — il la pénètre pour tenter de la guérir de l’intérieur, avec délicatesse, matière et imagination", affirme-t-elle.
Katya Korin représente une boîte en bois percée d’un œilleton, où un mécanisme en forme de kaléidoscope invite à une observation intime et poétique. Assya Weissberg transforme deux simples mots issus d’une étiquette manuscrite retrouvée sur l’uniforme d’un soldat tombé au combat en enseigne lumineuse de néon : un hommage vibrant à la fragilité de l’espérance.
La figure de la fillette Tikva (Espoir), imaginée par Daniel Mano-Bella, incarne une espérance à la fois universelle et personnelle, adressée à chacun de ceux qui portent une blessure visible ou invisible.

Dans le vidéo-art de Rina Stern, une orange israélienne posée devant une maison détruite devient symbole de vitalité et de résistance. Chez Peleg Makmel, ce même fruit devient une "flamme éternelle", une lumière qui ne s’éteint pas. La poésie visuelle d’Ayala Elbaz fait quant à elle s’envoler un avion en papier — un geste suspendu entre passé et futur, ouvrant un passage vers une espérance trans-temporelle.
Enfin, Gabriel Ra'anan assemble des tessons de céramique antique en une sculpture contemporaine tandis que Udi Shafran associe bois et verre dans un dialogue sur la croissance et la renaissance. Les artistes Michael Alvarez Pereyre et Abed Alselam Sebba présentent une vidéo-performance bouleversante sur la compassion et le lien humain, alors que Natalia Volkov se photographie dans une posture fragile, transformant l’acte de se montrer en un acte de foi.
Une exposition originale à découvrir dès le 30 octobre à 19:30 jusqu'au 4 décembre, au 9 rue Itamar Ben Avi à Tel-Aviv.
Caroline Haïat




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