À Arad, l’art contemporain devient mémoire et spiritualité partagée
- Caroline Haïat
- 21 sept.
- 3 min de lecture

Le Centre d’art contemporain d’Arad dans le Néguev a inauguré le 18 septembre la première grande rétrospective consacrée à l’artiste bédouin visionnaire Bashir Abu Rabia. Intitulée "Ombre colorée", l'exposition offre un panorama complet de son œuvre, permettant de découvrir un corpus spectaculaire des années 1970 à nos jours, et révèle un système mythologique personnel fascinant, ainsi qu'une dynamique picturale tumultueuse qu'il a développée au fil des ans. Ce projet positionne Abu Rabia comme une figure incontournable de l’histoire de l’art arabe israélien.
L'événement est également l'occasion de lancer la première monographie consacrée à son œuvre, comprenant des articles d'auteurs issus de divers domaines du savoir et une étude historique présentant ses travaux : peintures, sculptures, œuvres publiques, dessins et œuvres conceptuelles, des débuts de sa carrière à aujourd'hui.
Né en 1951, Bashir Abu Rabia s’impose depuis les années 1970 comme l’une des figures les plus marquantes de la scène artistique locale et arabe. Pour la première fois, une exposition rétrospective d’envergure lui est consacrée, retraçant plus de cinq décennies de création.
"Radio Prières" : un espace universel de voix et de silences
En parallèle, le Centre d’art contemporain d’Arad accueille "Radio Prières : la station des désirs du cœur humain", projet conçu comme une archive vivante et planétaire des prières et élans intérieurs de chacun. Né à la galerie Schechter de Tel-Aviv en février 2024, ce dispositif se déploie désormais dans le désert du Néguev.
Le principe est simple et bouleversant : une station de radio numérique diffuse en continu des prières et des souhaits, collectés auprès de personnes venues de toutes origines, croyances et langues. Le projet donne également la parole à des artistes et musiciens, invités à partager leur réflexion sur la nature même de la prière.
À Arad, le public est convié à pénétrer dans un espace méditatif spécialement conçu, où il pourra écouter les diffusions, mais aussi contribuer à cet immense répertoire universel en enregistrant sa propre prière. Ainsi, chaque visiteur devient acteur d’un projet collectif qui transcende frontières et traditions.
Le Centre d’art contemporain d’Arad : un ancrage dans le désert
Implanté au cœur du centre communautaire d’Arad, le Centre d’art contemporain occupe un espace de 300 m², conçu comme un lieu d’expérimentation et de dialogue. À travers ses expositions, ses résidences internationales et sa programmation publique – conférences, interventions dans l’espace urbain, concerts, ateliers pédagogiques – il s’attache à explorer les enjeux esthétiques, politiques, sociaux et écologiques liés au territoire singulier du Néguev oriental.
Avec cette double proposition, le centre réaffirme sa vocation : être à la fois un ancrage local et une ouverture vers l’universel. La rétrospective de Bashir Abu Rabia offre un regard rétrospectif sur un parcours artistique unique, tandis que "Radio Prières" propose un espace participatif où les voix du monde se croisent et résonnent.
Dans la rencontre entre ces deux projets, l’art devient à la fois mémoire, transmission et prière – une invitation à écouter, à dialoguer et à s’unir autour de ce qui relie les êtres humains au-delà des différences.
Le 8 octobre prochain, un dialogue public entre l’artiste et la commissaire de l’exposition, Lea Avir aura lieu, suivi d'un concert de Shragi, groupe unique qui réunit musiciens juifs et bédouins autour d’un répertoire mêlant traditions anciennes et créations nouvelles.
L'exposition est à découvrir au Centre d'art contemporain d'Arad, 28 rue Ben Yair.
Les mercredis et jeudis de 9h/13h et 16h/20h et les samedis de 11h à 14h.
Caroline Haïat
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