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Jérusalem : les mariées juives du Yémen dans une exposition fascinante

Photo du rédacteur: Caroline HaïatCaroline Haïat

Dernière mise à jour : 15 juil. 2024


La mariée cachée
La mariée cachée de Khaban

La nouvelle exposition d’Avigail Ohana "Viens Yémen", au théâtre de Jérusalem, offre une perspective intéressante sur le mariage des femmes juives au Yémen, en s’inspirant d’histoires personnelles. A travers ses peintures, Avigail présente la vie quotidienne des femmes juives yéménites et les costumes de la cérémonie du mariage, qui marque la transition importante entre la vie de jeune fille chez les parents et la vie maritale qui leur est totalement inconnue. L’artiste montre la richesse culturelle et matérielle de la communauté juive yéménite mais aussi les coutumes propres aux différentes régions du pays. Elle rend hommage à la femme en tant qu’individu à part entière au sein de la société dans son ensemble. Un événement artistique rare, monté par la commissaire Bat Sheva Ida, où l'on découvre des aspects inédits de la communauté juive du Yémen, empreints du poids des traditions. 


"Le projet est né de la recherche de mon identité et de mes racines, puis j’ai découvert un livre sur les mariées juives des pays arabes et je me suis focalisée sur la mariée du Yémen, avec ses bijoux, ses tenues et son allure très emblématique qui m’ont énormément fascinée", raconte Avigail à Itonnews.


Mariée portant une tiare triangulaire appelée "tashbuq lulu"
Mariée portant une tiare triangulaire appelée "tashbuq lulu"

"Je me suis aperçue que les tenues de mariage diffèrent énormément d’une ville à l’autre au Yémen, et c'est incroyable de voir à quel point les mariées de la capitale pouvaient être diamétralement opposées à celles des provinces, en termes d’habillement", poursuit-elle.

 

Dans la ville de Khaban par exemple, située dans l'est du Yémen et isolée des autres communautés juives du pays, les femmes relevaient leurs cheveux au-dessus du front et créaient ainsi deux triangles. Les cheveux de la mariée étaient tressés de manière surélevée et enduits de divers parfums. Tandis qu’à Sanaa, la capitale, les femmes juives portaient le gargosh, un couvre-chef constitué d'une capuche qui se ferme sous le menton. Le gargosh doré était orné de plaques de filigrane et de pièces d'or, et porté lors d'occasions spéciales.


Mariée de Sanaa portant le garghosh
Mariée de Sanaa portant le garghosh

Un contraste saisissant


L’exposition se divise en deux parties, l’une d’elle se compose de peintures des mariées, pleines de couleurs, de bijoux et de tenues traditionnelles en or et en argent, tandis que l’autre comprend des peintures réalisées à partir de clichés en noir et blanc des photographes Myriam Tangi et Yihye Haybi, auxquels Avigail a ajouté son interprétation en couleur. Les photos de Myriam Tangi sont exposées au Centre du patrimoine yéménite à Rehovot.


"Il était important pour moi de m'appuyer sur travail de ces deux photographes juifs, car peu de Juifs se sont rendus au Yémen. J’ai voulu mettre en avant la vie quotidienne de la communauté juive, et insister sur le contexte géographique et culturel. J’ai utilisé des couleurs monochromatiques pour rester fidèle aux paysages montagneux et désertiques et marquer un contraste avec les peintures colorées des mariées", raconte Avigail.


Enfants juifs qui se promènent à Al Hajar (d'après une photo de Myriam Tangi)
Enfants juifs qui se promènent à Al Hajar (d'après une photo de Myriam Tangi)

Dans une vidéo, le spectateur découvre les interviews de femmes âgées israéliennes qui se sont mariées au Yémen et racontent leur expérience de vie. "Ces histoires authentiques et ces anecdotes vécues par les femmes juives rendent l’exposition attrayante. J’ai recréé la tension entre la beauté, le bonheur de la mariée yéménite et les difficultés liées à la condition de la femme au Yémen. C’est essentiel de faire entendre la voix de ces femmes qui ont enduré des épreuves relativement complexes", explique Avigail.


Avigail a écrit une chanson à partir d’un chant de femmes du Yémen, transmis de mère en fille par le bouche à oreille, car les femmes à l’époque ne savaient pas écrire. Avigail a ainsi repris l’un des chants qui parle de la difficulté du mariage pour les jeunes filles qu’on envoie dans la maison de leur époux sans qu’elles ne connaissent personne et se sentent alors étrangères. 


Une femme juive cuisine à Al Hajar (d'après une photo de Myriam Tangi)
Une femme juive cuisine à Al Hajar (d'après une photo de Myriam Tangi)

L’exposition a été réalisée avec le soutien de Tima - la Société pour la culture et le patrimoine du judaïsme yéménite; elle est à voir jusqu’au 31 juillet au théâtre de Jérusalem. Le 24 juillet à 18h, Avigail donnera une conférence où elle racontera le long processus qui lui a permis de réaliser ses œuvres sur les Juives du Yémen.


Avigail élabore actuellement une exposition sur la culture taïwanaise, inspirée de son son cursus universitaire à Taïwan, ainsi qu’un projet de recherche sur le parallèle entre les cultures chinoise et juive.


Caroline Haïat


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