A la plage, dans les cafés ou en pleine nature, les Israéliens raffolent du célèbre jeu "Shesh Besh", autrement appelé Backgammon. La jeune Michal, 23 ans, a monté son propre magasin de Shesh Besh à Zichon Yaakov dans le nord d'Israël, où elle réalise ses propres plateaux de jeu. Remplie d’énergie et très enthousiaste, elle nous a transmis, le temps d’une interview, sa passion pour ce jeu et son envie de la partager avec une large clientèle. Il y a trois ans, Michal a créé sa marque Michali.z, qui connaît aujourd’hui un franc succès. Elle crée ainsi des Shesh Besh à l’infini, au gré des commandes qu’elle reçoit. Animaux, paysages de mer, icônes, caricatures, symboles ou encore portraits, Michal relève tous les défis et personnalise des dizaines de Shesh Besh par semaine.
Tout a commencé durant son service militaire dans Tsahal. Commandante de recrue dans l’unité Golan, elle jouait beaucoup au Shesh Besh pendant ses heures de pause.
"J’ai joué au Shesh Besh quand j’étais petite, mais ce jeu fait vraiment partie intégrante de ma vie depuis mes 18 ans. A l’armée, j’ai joué énormément. Quand j’ai fini mon service, j'ai voulu offrir un cadeau spécial à mon unité, car j’ai vécu de belles années avec eux et je souhaitais laisser derrière moi quelque chose d’unique, à l'image de mon service. J’adore faire des cadeaux que je conçois moi-même, je trouve que c’est beaucoup plus touchant pour la personne qui le reçoit. J’ai donc combiné mes deux passions pour l’art et le Shesh Besh, et je leur ai fait un plateau de jeu qui réunissait tout ce que nous avions vécu ensemble : nos meilleurs moments, les blagues, les dates clés... Ils ont adoré!", raconte Michal.
Lorsque Michal achève son service militaire, elle est blessée aux jambes, elle ne peut pas rester longtemps debout ni marcher. Confinée chez elle, elle se demande alors comment occuper ses journées. Ses amis, qui reconnaissent son immense talent, lui suggèrent alors de se lancer sérieusement dans la confection de Shesh Besh.
"Au début, c’était une activité temporaire, puis c’est devenu très intense, je recevais des commandes de tout Israël, j’ai même dû engager des employés pour m’aider à tout préparer. C'est très émouvant de voir cette évolution. Six mois après, j’ai ouvert un compte Tiktok pour partager mes créations et tout a pris une ampleur incroyable pour mon plus grand bonheur, certains me reconnaissaient même dans la rue et j’ai reçu énormément de commandes", explique Michal,très émue.
Michal a également offert des Shesh Besh à plusieurs artistes de la scène israélienne dont le rappeur israélien Tuna, le musicien Yoni Bloch, Eric Berman ou encore la troupe Teapacks.
Au vu de ce succès grandissant, Michal a ouvert son propre studio l’an dernier, qui se tient sur trois niveaux, avec le magasin au rez-de chaussée et sa vitrine remplie de Shesh Besh, l'atelier au premier où elle organise des cours et un local au deuxième étage, où elle range son matériel. En général, Michal nécessite quelques heures à quelques jours pour réaliser un Shesh Besh, en fonction des motifs. Elle prend en charge en moyenne 5 à 7 commandes par jour et travaille sur plusieurs jeux en même temps. Elle envoie ensuite les Shesh Besh aux quatre coins du pays, mais assure que "la plupart des clients veulent venir récupérer le jeu sur place et me rencontrer ou même jouer avec moi au Shesh Besh".
Des ateliers et des festivals
Pour favoriser ces rencontres, Michal a organisé des ateliers autour du jeu Shesh Besh. Pendant deux ans, de nombreuses personnes lui ont demandé de lui apprendre les règles du jeu et les secrets pour préparer eux-mêmes des Shesh Besh. Fière de transmettre sa passion au public, Michal a inauguré son premier atelier en août 2023, dans son jardin.
"Lors des ateliers, on leur apprend à faire eux-mêmes un Shesh Besh de A à Z. Tout ce que j'ai appris pendant ces années, je le transmets dans les ateliers qui durent environ trois heures. C'est une expérience très enrichissante autant pour eux que pour moi. Les gens ressortent très satisfaits avec leur Shesh Besh prêt à l’emploi; nous avons tant des adultes que des enfants, et ils apprennent à faire toutes sortes de motifs, sans forcément savoir dessiner au préalable", dit-elle.
Michal organise également des événements autour du Shesh Besh dont un festival pendant Hanouka qui débutera le 27 décembre et se tiendra sur une semaine. Les amateurs pourront participer à deux sortes d’ateliers, l’un portera sur les bases et les secrets de ce jeu, tandis que le second sera consacré à la création de Shesh Besh. En parallèle, se déroulera un tournoi avec 32 joueurs et des prix à la clé pour les gagnants, dont des Shesh Besh conçus spécialement pour le tournoi ainsi que des avoirs pour acheter des objets dans la boutique Michali.Z.
Des Shesh Besh uniques
Les clients peuvent commander sur le site de Michali.Z des motifs déjà existants ou personnaliser leur Shesh Besh avec ce qu'ils souhaitent. "Un jour, on a reçu une commande avec une demande en mariage, avec la photo du couple et la phrase 'veux tu m’épouser?', c’était très original. En général, je puise l’inspiration dans la nature pour réaliser mes Shesh Besh, j’adore les excursions, la mer, les couleurs bleue, turquoise et sable, je suis une fille de la mer", confie Michal.
"Les Israéliens adorent ce jeu car il est très simple et on peut l’emporter partout. C’est aussi un jeu qui rassemble et pousse à rencontrer des gens, on peut jouer avec un parfait inconnu et quelques heures après vraiment sympathiser. C’est un jeu qui fait partie inéluctablement d’Israël, avant l’existence de l’Etat, il a été amené des pays arabes. Les Israéliens se sont attachés à ce jeu car il est ancré dans l’histoire du pays et surtout, il ne demande pas beaucoup de réflexion, et permet de se vider la tête", raconte Michal.
Le backgammon se joue sur un plateau constitué de 24 flèches, appelées aussi cases ou points, de couleurs alternées. L’alternance des couleurs ne sert qu’à faciliter le comptage lors du déplacement des pions. Chacun des deux joueurs possède 15 pions d’une couleur spécifique qu’il déplace de flèche en flèche en fonction du jet de deux dés. Il existe plusieurs versions et plusieurs règles et la clientèle aime beaucoup consulter Michal pour recevoir ses précieux conseils.
"Malheureusement cette année, nous avons eu beaucoup de commandes en mémoire des soldats tombés au combat avec leurs photos et c’était très dur psychologiquement, car chacun d’entre eux représente un monde à lui seul. A chaque fois c’est une épreuve", affirme Michal.
La jeune Michal rêve en grand. Elle souhaite dans un futur proche exporter ses Shesh Besh dans le reste du monde et atteindre une clientèle internationale, notamment au sein des communautés juives d’Europe et des Etats-Unis afin de leur apporter "une touche d’Israël". Elle rêve également d’ouvrir son propre café avec des Shesh Besh à disposition où les clients pourraient jouer et faire connaissance. Michal a pour objectif de développer sa carrière d'artiste tout en poursuivant son business et en commençant des études.
"En ouvrant ce studio très jeune, j’ai réussi à prouver que tout est possible, il suffit de croire en soi. Je veux dire aux gens qu’il faut sortir de sa zone de confort, se confronter au monde, découvrir et rencontrer de nouvelles personnes. Nous avons le pouvoir d’influencer notre vie et de réaliser nos rêves, tout est entre nos mains. Soyez libres et faites uniquement ce qui vous rend heureux", a-t-elle conclu.
Caroline Haïat
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