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Photo du rédacteurCaroline Haïat

Portrait d’Oshri Sabag : transformer la souffrance du peuple juif en design digital 


Oeuvre d'Oshri Sabag
Oeuvre d'Oshri Sabag

Oshri Sabag, jeune artiste israélien originaire de Bet Shemesh a élaboré un concept unique qui lui permet de raconter les histoires douloureuses du peuple juif, depuis le tragique 7 octobre à travers l’art digital. Oshri est passionné de dessin depuis l'âge de 15 ans. En grandissant, il s’est perfectionné et a voulu en faire son métier. Après son service militaire, Oshri s'inscrit au Hadassah Academic College à Jérusalem, où il suit un cursus en dessin technique. Lors de sa 4e année d’études, la guerre éclate et les perspectives du jeune homme changent du tout au tout. Son art devient alors une manière de venir en aide à une nation entière dévastée et brisée par les drames incessants qu’elle subit depuis presque un an. En parallèle, il travaille également sur la création de design de produits pour différentes entreprises israéliennes. Portrait d’un artiste en herbe à l’avenir très prometteur.


Depuis le 7 octobre, Oshri s’est focalisé sur le design digital de symboles juifs auxquels il intègre l’histoire personnelle d’Israéliens, touchés de près comme de loin par la guerre : Magen David, cartes d'Israël, symbole des otages, menora ou encore matza brisée et portraits. Oshri prend part à l’effort collectif en apportant du réconfort à un peuple en souffrance. Les designs d’Oshri, qu’il poste essentiellement sur sa page Instagram, sont tant variés que significatifs.


Oshri Sabag
Oshri Sabag
"Je travaille avec des logiciels informatiques à partir desquels je construis mes designs, je choisis la forme, la couleur, la taille, le modèle, puis je les sculpte et je les fais pivoter en 3D, pour certains. Je m’inspire de tout ce qui m’entoure, parfois je m'arrête dans la rue pour photographier des choses qui m’interpellent et ensuite je les dessine. Avec ce type d’art, je peux pleinement m'exprimer, et laisser libre cours à ma créativité. Je cherche toujours la manière de raconter mon histoire à travers les sentiments et les ressentis des gens, que je rencontre sur mon chemin", déclare Oshri à Itonnews.

L’impact majeur du 7 octobre


Le 7 octobre a eu une influence majeure sur l’art du jeune Oshri. Au lendemain de la guerre, il a "absorbé" tout ce qui s’est passé dans le pays, la douleur, la colère et l’effroi et a immédiatement ressenti le besoin d’insérer les émotions de son peuple dans son art. "A plusieurs reprises, j’ai sculpté la carte d’Israël, qui nous représente en tant que nation et je l’ai habillée d’une histoire personnelle en rapport avec le 7 octobre. La carte d’Israël symbolise la guerre pour cette terre qui nous est chère", affirme-t-il.


Symbole des otages
Symbole des otages

Des survivants de Nova, des familles d’otages ou de blessés l’ont notamment contacté pour qu’il raconte leurs histoires dans ses créations. "Je m’identifie totalement aux parcours des gens et à leurs valeurs. Les émotions qu’ils me transmettent sont une sorte de carburant qui me sert à produire les designs", dit-il.


Pour réaliser une œuvre, il lui faut entre deux semaines et un mois, selon les projets. Il les envoie ensuite par mail aux clients en PDF et peuvent être imprimés. Sa clientèle le joint essentiellement via Instagram.


"J'ai pris conscience de l’ampleur de mon art lorsque j’ai reçu des messages des survivants de Nova. Ils m’ont dit ‘nous n’aurions jamais pensé être comparés aux survivants de la Shoah’. Ils avaient vu l’une des mes œuvres, qui est une étoile de David avec une moitié d'étoile jaune et l’autre moitié sur Nova, cela leur a donné beaucoup de force et ils m’ont remercié. Beaucoup ne savent pas comment aborder ce sujet si sensible, je pense avoir trouvé la voie qui permet de toucher le public, sans utiliser les mots. Quand je reçois des retours positifs comme ceux-ci, je me dis que j’ai rempli mon rôle, ça m’encourage énormément à continuer. Si nous ne racontons pas leurs histoires, personne ne le fera", déclare Oshri.

Oshri a conçu une oeuvre sur un couple de festivaliers de Nova dont l’un est toujours otage à Gaza et l’autre a été sauvée de l’abri où elle se cachait des terroristes du Hamas.


Ziv et Eliya
Ziv et Eliya

"Ziv m’a écrit sur Instagram et voulait que je raconte son histoire et celle de son compagnon Eliya, qui a été enlevé à Gaza alors qu’ils devaient se fiancer. Je les ai dessinés tous les deux, avec le symbole des otages, un bandeau sur la bouche d'Eliya retenu par le Hamas, la date maudite du 7/10 et les larmes de Ziv. J’ai ainsi transmis leur expérience traumatisante afin que personne n’oublie ce qui est arrivé", explique-t-il.


Un coeur brisé


L’une des œuvres les plus significatives de la carrière d’Oshri a été réalisée en combinant deux peines : la perte de son père survenue quelques mois avant le 7 octobre, et la douleur quotidienne due à la guerre. Il a représenté une carte d’Israël rouge sur laquelle on peut voir un paragraphe de tehilim sur l’une des faces et sur l’autre, un cœur brisé. Cette sculpture tourne sur elle-même en 3D.


Oeuvre du coeur brisé
Oeuvre du coeur brisé
"C’est l’une de mes premières œuvres qui a eu un succès fou sur les réseaux. J’y ai mis toute ma peine alors que je venais de perdre mon papa. C’est une double peine, c’était une personne tellement importante dans ma vie, et cette peine personnelle s’est mêlée à la tristesse à plus grande échelle que nous vivons tous. Avec les tehilim, j’ai voulu signifier qu’il est temps de prier fort pour la survie du pays qui fait face à des attaques terribles sur tous les fronts", raconte Oshri.

Le jeune homme affirme que la foi et Dieu l’accompagnent et l’aident à surmonter les épreuves du quotidien. Avec cette oeuvre qui a marqué considérablement son parcours, Oshri a compris que les gens pouvaient réellement s’identifier et se connecter à l’art d’une manière très forte, même s'ils n'ont pas vécu personnellement le drame.


Oeuvre du coeur brisé
Oeuvre du coeur brisé

"Avec ce type d’art qui mêle les tendances actuelles du digital et les histoires du peuple juif en s’ancrant pleinement dans le présent, j’espère atteindre un public large", affirme Oshri. 


Dans cette période considérablement difficile que vit Israël actuellement, Oshri tente de donner du baume au cœur et d’aider ceux qui souffrent dans leur chair par des créations esthétiques authentiques qui relaient des messages et ont une portée tant personnelle qu'universelle. 


Il prépare actuellement un grand projet pour les un an du 7 octobre, qui rassemblera des histoires de victimes de la tragédie. A terme, il aimerait travailler avec des sociétés internationales, et raconter son histoire dans différents pays à travers le monde.


Instagram d'Oshri Sabag : https://www.instagram.com/3d.oshri/


Caroline Haïat



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